INTERVIEW : HORSE-PLAY – UNE COMÉDIE PAR IAN HALLARD
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Recon News
14 septembre 2022
Lorsqu'on entend quelqu'un parler de Horse-Play, une seule chose nous vient à l'esprit : de quoi parle la pièce ?
Un couple d'homosexuels engage un escort boy sexy et loue un donjon pour une soirée, pour donner du piment à leur vie sexuelle qui bat de l'aile : ils finissent par y rester coincés pendant vingt-quatre heures... C'est le principe de Horse-Play : une nouvelle pièce de théâtre présentée aux Riverside Studios à Hammersmith, dans l'ouest de Londres, jusqu'au 24 septembre.
Il faut que je vous demande... Que faisiez-vous quand l'idée de la pièce vous est venue ?
L'idée de la pièce m'est venue lors du premier confinement si étrange du printemps 2020, lorsque les avions ont cessé de voler et que nous n'étions censés sortir de chez nous que pour un maximum de vingt minutes. À l'époque, les gens comme moi, qui travaillent dans le domaine des arts, se demandaient si les théâtres allaient rouvrir un jour. Je me disais que si, et quand, les spectacles feraient leur retour, nous aurions tous envie de rire un bon coup, d'où l'idée d'écrire une comédie absurde. Je voulais que l'histoire se déroule dans un seul lieu, et l'idée d'un groupe de personnages piégés dans un donjon du sexe m'amusait. L'une des premières inspirations qui m'est venue à l'esprit est celle de deux hommes dans un scénario de bondage : l'un est attaché, l'autre est soudainement pris d'incapacité pour une raison quelconque, et donc incapable de libérer son partenaire de jeu. Évidemment, dans la vie réelle, ce serait une expérience alarmante, mais sur scène, j'ai senti que cela pouvait avoir un certain potentiel comique !
La liste des fétiches et des types de jeux de rôle que les gens pratiquent est tellement longue. Comment vous est venue l'idée du horse-play et des super-héros ?
J'avais envie d'aller en profondeur dans l'idée du fétichisme et des jeux de rôle, et je me suis retrouvé à chercher sur Google une liste de suggestions de jeux de rôle sexuels. Il y en avait plus de cinquante, allant des enseignants et étudiants aux médecins et infirmières, en passant par les centurions romains et les gladiateurs. Mais lorsque mon regard s'est posé sur les « super-héros », j'ai pensé que cela pourrait parfaitement convenir. Des gros bras musclés dans des costumes moulants en lycra, maîtrisés, attachés et raillés par leurs ennemis jurés : ça avait l'air amusant.
L'une de mes motivations pour écrire la pièce était d'explorer la façon dont les sexualités des hommes gays plus âgés sont représentées sur scène. Il y a une nette tendance à dépeindre ces personnages de manière négative, surtout s'ils sont quelque peu adeptes du fétichisme. J'ai voulu créer des personnages dont les fétiches ne les définissaient pas, et ne faisaient pas automatiquement d'eux de mauvaises personnes !
Comment pensez-vous que les fétichistes (et les non-fétichistes) vont réagir en voyant la pièce ?
Un personnage de la pièce déclare : « Je pense qu'au fil des siècles, les gens ont fait plus de mal en réprimant leurs pulsions que s'ils avaient simplement fait ce qui les rendait heureux ». Je sais que je suis en train de prêcher à des convertis, mais après tout, pourquoi se préoccuper de ce qui excite les gens s'il y a consentement ? J'ai aussi mis un point d'honneur à ce que la pièce, même si elle peut jeter un regard comique sur le monde des jeux de rôle, ne soit ni moqueuse ni méprisante. Aussi, je pense que même le joueur de rôle le plus engagé du monde admettrait que la ligne entre ce qui est excitant et le ridicule est très fine. Prendre son pied en jouant une scène de Batman est quelque peu absurde et très efféminé. Pour citer une autre réplique de la pièce, « le sexe, c'est plutôt stupide, quand on y pense » …
Que pouvez-vous nous dire sur les personnages principaux ? Comment les décririez-vous ?
Les personnages principaux de la pièce sont deux hommes en couple d'âge moyen, Tim et Tom, qui ne se sont jamais aventurés dans le monde du fétichisme. Tim a toujours nourri le fantasme secret d'être Robin de la série télévisée « Batman » d'Adam West, et son mari Tom a accepté d'aller de l'avant et d'aider Tim à réaliser son fantasme. Et ils n'ont certainement pas lésiné sur les détails. Ils ont acheté des costumes en élasthanne faits sur mesure (et créé leurs propres identités de super-héros en tant que Stallion et son acolyte, Butterfly), ont payé un beau travailleur du sexe pour jouer le méchant « Villianor », ont inventé leur propre version de la Kryptonite et ont même été menacés avec un seau de « liquide réfrigérant » (en réalité, de la matière gluante verte). Je ne dirai pas si l'un d'entre eux finira par être abattu au cours du spectacle, mais quiconque connaît la théorie du « fusil de Tchekhov » au théâtre aura une bonne idée de ce qui l'attend...
Comment allez-vous faire connaître la pièce ?
Bien qu'il s'agisse d'un intérêt relativement limité, le jeu de super-héros a quelques sites internet spécialisés qui s'adressent à ses adeptes : Eye of the Cyclone au Royaume-Uni, par exemple, que je tiens à remercier, car ils ont retweeté avec enthousiasme tous nos médias sociaux pour aider à promouvoir le spectacle. Et le week-end dernier, Club Shoot à Londres a organisé une soirée sur le thème des super-héros. Nous leur avons envoyé quelques prospectus, mais malheureusement, le beau gosse d'EastEnders et Hollyoaks, Matt Lapinskas, qui enfilera son lycra moulant pour jouer le rôle de Villianor, n'a pas pu venir en personne pour les distribuer !
Le fétiche des super-héros est très populaire dans la scène kink. Dès qu'un film Marvel ou DC sort, les kinksters cherchent l'inspiration pour leurs prochaines tenues et réfléchissent à la façon dont ils peuvent ajouter d'autres éléments à leur jeu fétichiste. Vos personnages explorent-ils cet aspect dans la pièce ?
Horse-Play coche également une variété d'autres cases coquines : sports nautiques, sex toys, bondage, débardeurs en maille… Notre équipe du management a passé les dernières semaines à chercher des équipements en latex et en cuir, des godes, des bâillons, des cravaches, des camisoles de force, des couches, des pinces à tétons, des sondes, et même une croix de St André ! La liste des accessoires s'étend sur plusieurs pages, bien que la bouteille de poppers, qui joue un rôle crucial dans l'action, ait en fait été fournie par l'un de nos acteurs. (Devinez lequel !)
Nous savons que les fétichistes sont toujours à la recherche de façons amusantes et intéressantes de s'amuser et d'adapter leurs fétiches. Avez-vous des astuces à nous proposer ?
Que puis-je vous dire d'autre sur la pièce sans dévoiler toutes les surprises amusantes que nous réservons à notre public ? Eh bien, notre distribution est très attrayante. Outre le susmentionné et très beau Matt Lapinskas, David Ames de Holby City et Jake Maskall de The Royals se glisseront également dans leurs costumes en élasthanne. Et bien heureusement, en plus d'être sexy, les acteurs sont aussi très, très drôles. Sans vouloir avoir l'air complaisant. Ils me font toujours rire quand je les regarde répéter et, à présent, j'ai entendu leurs répliques plus de fois que je ne pourrais m'en souvenir.
J'ai hâte de voir la pièce, et je suis curieux de savoir si je vais me reconnaître dans les personnages, l'histoire et les types de jeux de rôle auxquels je m'adonne parfois.
Nous faisons actuellement tout notre possible pour remplir l'auditorium des Riverside Studios afin que les acteurs puissent faire salle comble et que tout le monde puisse s'éclater de rire. Bien entendu, nous souhaitons attirer un public habitué au théâtre, mais nous voulons aussi accueillir la communauté du kink et du fétiche, en particulier les personnes LGBT+. Nous voulons attirer des personnes qui, normalement, ne penseraient pas à aller au théâtre. Si vous en faites partie, peut-être apprécierez-vous de voir un spectacle qui traite d'un aspect de votre vie que vous n'avez pas l'habitude de voir représenté dans les spectacles grand public.
Où nos lecteurs et membres peuvent-ils trouver plus d'informations sur la pièce ?
Venez nous retrouver sur Twitter, Facebook et Instagram à @HorsePlayLondon. Les personnages ont indubitablement « la chevauchée de leur vie ». On pense que vous l'aurez aussi !
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